Concept Collection Couleurs 21-22

Publié par Lila Rousselet le

La sortie de la toute première Édition I[1] de la collection Maison Montloup aura lieu au mois de juin 2021. C’est l'occasion idéale pour nous de revenir sur les inspirations qui ont mené à la création de la gamme colorée.

Les couleurs ont un sens, au même titre que les mots que l’on utilise ou encore des types de maille que l’on choisit. On communique à travers nos vêtements et, intrinsèquement, par les tissus qui ont été utilisés pour leur fabrication.

Tout d’abord, j’avais la volonté de créer une gamme qui serait à la fois intemporelle et versatile, en employant des couleurs qui voyagent d’une palette à l’autre et qui donnent une direction différente à chaque fois.

Cette collection a été construite sur les fondations de cinq piliers, comportant tous un fil invisible qui les relient. L’Écriture parle de notre rapport au temps quand la Page blanche est le début de quelque chose de nouveau. La Correspondance entre en résonnance avec les deux précédents piliers, quand les Mirage et flou brouillent les pistes. Enfin, le Confort nous enveloppe d’une douceur nécessaire pour envisager le renouveau. Bon voyage […]

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D’abord, il y a les couleurs de base – Noir, blanc et bleu marin (Blue Nights) – auxquelles vient s’ajouter le Naturel.

Le Naturel, c’est la couleur originelle : celle du fil, sans teinture et sans produits chimiques. Une couleur douce et agréable sur laquelle on peut imaginer mille et un imprimés.

C’est aussi la couleur du papier avant l’écriture, ce qui nous amène au premier pilier de la collection.

L’Écriture

Il y a quelque chose de profondément intime dans l’écriture. Il y a d’abord la forme des lettres, le choix des mots, et enfin celui du papier; qu’il soit à carreaux, ligné, de soie ou d’Arménie, ou encore une simple page blanche, etc.

Quand vient le temps de débuter un nouveau carnet, c’est une page qui se tourne et un autre fragment de vie qui commence.

J’ai une passion sans limites pour les carnets. Ce que j’y range est un mélange de choses très personnelles, entremêlées à toutes ces autres pensées qui forgent ma personnalité créative. Je les mets là, rangées sur un coin de papier en attendant qu’elles murissent. Ça émerge d’un besoin de se vider la tête, mais aussi d’un plaisir du souvenir, un bonbon pour la mémoire. C’est un instrument pour mesurer le temps qui passe.

Médium de prédilection pour communiquer, l’écriture partage, parle, raconte.

Photo : Carnet de recherche, Lila Rousselet

Je ressentais le besoin, pour cette collection, de changer de carnet, de tourner la page et d’ouvrir de nouveaux horizons. Et quoi de mieux qu’une page blanche pour recommencer?

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Page Blanche

« La couleur n’existe que parce qu’on la regarde. »

Michel Pastoureau

En promenant mes yeux sur mon téléphone, je suis tombée sur un « débat de commentaires » dans lequel les participantes se chamaillaient à savoir si le blanc était une couleur.

Pour l’œil de l’Antiquité, le blanc fait partie, avec le noir et le rouge, d’un système axé sur ces trois pôles. Il représente l’absence de couleur alors que le rouge représente l’idée même de la coloration. Ce n’est qu’aux suites des découvertes de Newton qu’une distinction est faite entre deux types de couleurs. Pour les couleurs lumières, le blanc est la somme de l’ensemble des couleurs du spectre. Pour les couleurs matières, le blanc est l’absence même de couleur. Si le blanc rassemble l’entièreté des teintes qui composent le spectre, elle en devient du même coup, une couleur.

D’ailleurs, Il n’existe pas qu’une seule teinte de blanc. Dans mes cartables d’échantillons, j’ai des numéros de couleurs pour toutes ses différentes nuances.

Le blanc n’agit pas seul. Dans l’éternel valse qu’il danse avec le noir, le blanc vient supporter les mots quand le noir les faits glisser sur le papier.

Photo : Carnet de recherche, Lila Rousselet

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À ce quatuor se joignent neuf couleurs, du vert foncé (Pine Grove) au rose pâle (Almond Peach) avec des couleurs accents telles que Jaffa Orange ou Keesake Lilas.

Correspondance

Étant entourée d’artisanes talentueuses, en cette saison, j’avais envie de célébrer l’importance de la main et du travail de l’humain. Une occasion de contrebalancer la présence grandissante du digital et de l’immatériel dans nos vies, d’exposer les correspondances entre l’œuvre et l’artiste, entre le papier et le tissu, entre la couleur et la lumière.

J’avais envie, pour cette collection, de puiser l’inspiration dans les œuvres de ma mère, Corinne Bourru. C’est une façon pour moi d’avoir un peu d’elle à mes côtés. C’est d’ailleurs elle qui a composé les fragments de papier végétal que l’on retrouve sur les planches de collection. Son travail est sensible et délicat en accord avec le cycle de la nature et le rythme des saisons.

Corrine Bourru

Parmi les autres artistes, on retrouve Mariane Laforest de Atelier 1N dans son duo avec Cath Laporte pour l’exposition « Le cercle chromatique de l’invisible »[2]. Cette série d’œuvres créée en partenariat avec différent.es créateur.trices est née du désir de l’artiste, Cath Laporte, de comprendre son monde intérieur et du besoin nécessaire de se pencher sur ce qui nous unit.

Photo : Cath Laporte

« Inspirée par le concept de “sculpture sociale” de Beuys pour incarner sa compréhension du potentiel de l’art à transformer la société, l’artiste croit qu’en prenant contact avec notre créativité, nous activons ce qu’il y a de plus puissant en nous. “L’imagination est la plus haute forme de la recherche” disait Einstein. Tels des portails vers ce qu’il y a de plus vrai et créatif en nous, ces œuvres appellent à une interprétation tant spirituelle qu’artistique. »

Enfin, le travail de Lucie Leroux entre en résonnance avec les trois autres par une recherche sensible axée sur l’ennoblissement textile. Dans sa collection, Mille et un plis, l’artiste crée des lampes en tissus en utilisant l’art du plissé et de la sérigraphie.

Lucy Leroux

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Dans une année marquée par l’inconnu et le repli vers l’intérieur, j’avais besoin de vous partager mes incertitudes et mes doutes. Ils se sont traduits par la collection Écumes Brumeuses qui puise son inspiration dans un texte écrit il y a de cela quelques années.

Mirage et flou

« Quand je suis loin de toi, j’oublie. Je ne t’oublie pas toi, j’oublie comment c’est d’être avec toi, comme c’est d’être chez toi. Je te dis « au revoir » sur ce quai de gare, je t’embrasse devant cette bouche de métro, je te dis « à bientôt » en te regardant partir. Mais c’est moi qui part.  Je te regarde d’en haut, je te vois en tout petit. Je m’éloigne.

J’emporte avec moi une drôle de maison à chaque fois que je te quitte.

Cette maison-là n’a pas forcément de murs en bois ou en pierre. Elle a des murs d’amour. Des murmures d’amour. Elle est faite d’instants précieux, d’amitiés solides, de souvenirs heureux. Elle me transporte et je l’emmène partout avec moi.

Et quand dans l’odeur d’un drap, le motif d’une nappe ou le goût d’une glace à la lavande me ramène à toi, je me sens bien. Tu m’habites à cet instant qu’importe où je suis. »

Photo : Carnet de recherche, Lila Rousselet

Confort

En ces temps gonflés de turpitudes, le besoin de confort, de douceur et de tendresse est plus fort que jamais.

Lucy McRae - Future Survival Kit

« Cette idée d’un confort absolu, l’atmosphère un peu brumeuse de la salle de bain, le corps lové dans la mousse, l’esprit filtrant tout en douceur le fil des mots pour un voyage plus qu’immobile une sorte de lévitation ouatée. »

Le Trottoir au soleil, Philippe Delerm

Tricotés serrés, emmaillotés : les tricots font partie des vêtements qui rassurent. De ceux dans lesquels on vient se lover. Qu’ils soient faits de petites mailles pour rester prêts du corps (les sous-vêtements, les camisoles, les t-shirts) ou plus épais (les chandails, les cardigans, les manteaux), les tricots sont des pièces du vestiaire qui apportent douceur et réconfort.

L’acte même de tricoter est souvent, dans l’imaginaire collectif, une activité rassurante généralement associée aux femmes et plus particulièrement aux personnes âgées qui le pratiquent dans l’intimité de leur foyer.

Nombreuses sont les palettes et couleurs douces que l’on a voulu mettre de l’avant pour cette saison. Écumes brumeuses, Souvenirs pastels ou Douceur quotidienne proposent toutes trois des couleurs tièdes et rassurantes.

Des mots doux comme un tricot.

[1] Édition I correspond à l’ensemble des tissus qui sont partis en production à la suite de la prévente collaborative du mois d’Avril 2021.

[2] https://cathlaporte.com/filter/work/LE-CERCLE-CHROMATIQUE-DE-L-INVISIBLE

 

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