Parce que le vêtement est ce qui est le plus proche de nous, celui qui habille le plus grand de nos organes, la peau, il serait temps de s’intéresser de plus près à son Histoire.
Cela fait un moment que je souhaitais écrire cet article.
Je l’écris depuis ma position privilégiée de femme blanche née d’une famille de la classe moyennement aisée. J’ai de la chance. Je reconnais avoir probablement des ancêtres qui ont perpétué les atrocités citées plus bas.
Cet article parle de corps. Ou plutôt, de ce que le travail fait sur les corps. Pas le travail de bureau ou celui derrière un écran comme le mien mais celui de celles et ceux qui fabriquent nos vêtements. De celles et ceux qui ramassent le coton ou qui cousent nos tshirts. Il parle aussi des corps qu’on a déplacés pour faire prospérer cette industrie, de tous ceux qu’on a laissé mourir et qu’on laisse encore mourir.
Pour bien comprendre cet article, il faut retourner au XVIII siècle et survoler l’Histoire du coton.
Crédit photo : Fashion Revolution
Le coton est la fibre naturelle la plus largement utilisée mondialement. En 2021, elle représente environ 24.2% de la production mondiale de fibres.
Le coton gagne en popularité au cours du XVIIIème siècle.
Avant le début de la Révolution Industrielle (1750), la plupart du coton était cultivé sur des fermes familiales en Asie, en Afrique, dans l’empire Ottaman et en Amérique du Sud. Le coton était filé, tissé ou tricoté sur place pour la demande nationale.
Tout au long du XVIIIème siècle, plusieurs inventions successives ont permis d’accélérer considérablement la production, de la filature au tissu fini, centraliser surtout dans la région de Manchester, en Angleterre. La mise en place d’un nouveau modèle, les prémices de la mondialisation et du capitalisme s’installe peu à peu. Le coton importé par l’Angleterre de l’empire Ottoman ou des Indes ne suffit plus. Il faut révolutionner l’agriculture pour que le marché puisse se développer. Pour nourrir les machines affamées anglaises, il faut beaucoup beaucoup beaucoup plus de coton.
La mise en place d’un système avec d’un côté l’Europe, gourmande consommatrice de vêtements possédant le capital et une Amérique productrice de coton commence sur les iles Caraïbennes. Ce que les Européens ne pouvaient pas faire en Inde, c’est d’expulser des populations pour les remplacer par des champs de coton cultivés par des esclaves venus d’Afrique. Chose possible en Amérique dont la colonisation de ses nombreux territoires débute en 1492.
Il faut attendre le milieu du XVIIIème siècle pour que les riches marchands européens et américains envisagent les États-Unis d’Amérique comme le nouvel eldorado du coton.
Le climat s’y prête bien, particulièrement dans le sud où le coton, cultivé par les Premières Nations pousse déjà.
L’avantage majeur qui intéresse les entrepreneurs de l’époque est l’accès facile à la propriété agricole. Comment ? En expulsant les Premières Nations de leur territoire pour permettre de planter le coton en monoculture sur des kilomètres et des kilomètres. Mais le coton étant particulièrement gourmand en nutriments, les sols s’épuisent. Plus les années avancent et plus les territoires s’étendent. Des traités sont signés pour déplacer des populations entières au profit du coton.
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La quantité d’humain•es issue des Premières Nations forcées de céder la place aux plantations de coton est innombrable. Elles ont été forcées de signer des accords cédant leurs terres ancestrales sans contrepartie, le tout soutenu par les gouvernements en place.
Les Creeks, les Chickasaw, les Choctaws, les Cherokee, pour n’en citer que quelques-uns.
Le deuxième fait important, c’est l’accès facile à la main d’œuvre bon marché : les esclaves venus d’Afrique. Jusqu’au début de la guerre de Sécession, le nombre d’esclaves noirs ne cesse d’augmenter. On estime qu’entre 1500 et 1800, plus de 8 millions d’esclaves noirs ont été déportés de l’Afrique vers le continent Américain [1].
Mais au milieu du siècle, la colère gronde. La guerre de Sécession pointe le bout de son nez (1861-1865) aux États-Unis. Elle mènera au traité sur l’abolition de l’esclavage*. L’agriculture du coton étant complètement dépendante de ce dernier, l’Europe commence à s’inquiéter. Pour l’Angleterre, dépendre uniquement des importations américaines devient de plus en plus risqué.
« Without slavery, there would be no cotton. Without cotton, there would be no modern industry. » Karl Marx
Crédit photo : Museum Victoria
On considère souvent la révolution industrielle comme étant celle de la naissance des chemins de fers et des grosses industries comme celle de l’automobile mais on oublie souvent que ce sont les profits réalisés par les riches industriels du textile européens ont ensuite servi à développer ces autres marchés . Et dans bien des cas, ce sont les gouvernements des pays colonisateurs qui ont permis l’expansion des marchés en subventionnant les industries et en passant des lois et imposant des taxes, encourageant ainsi tel ou tel type de développement économique.
Il serait donc faux de dire que le capitalisme serait uniquement fondé sur la privatisation des marchés puisque les États, ont, à de nombreuses reprises, permis et subventionné l’expansion de ces différentes industries.
“Imperial expansion, expropriation, and slavery- became central to the forging of a new global economic order and eventually the emergence of capitalism.” Empire of cotton, A Global History, Sven Beckert
Le XVIIIème siècle nous paraît loin, l’Inde aussi. Mais quand on regarde de plus près, ce système qu’on aurait tendance à trouver abominable n’est pas très loin de ce qui se passe aujourd’hui.
En 2021, l’Inde est le deuxième leader mondial dans la fabrication du coton (derrière la Chine).
C’est en 2002 que fut introduire la graine de coton Bt de Mosanto. Il s’agit de la première graine génétiquement modifiée à être acceptée dans le pays, sélectionnée pour sa résistance à certains insectes. Pour les autres nuisances, un cocktail de pesticides et d’herbicides est appliqué sur la terre en complément. À l’époque, la graine de Cotton Bt apparaît comme la solution miracle pour sauver les plantations. Elle coûte 18 fois plus cher qu’une graine traditionnelle et il est interdit de conserver les semences d’une année à l’autre.
L’ensemble des traitements appliqués sur les sols les abime considérablement, leur santé se dégrade alors rapidement. Une quantité astronomique en irrigation est nécessaire pour permettre à la plante de pousser. Après quelques saisons, seules les graines génétiquement modifiées peuvent être cultivées avec une quantité faramineuse de pesticides. Ce système enferme les agriculteur•trices dans le cercle vicieux de l’endettement. Les graines sont achetées à crédit, remboursées sur la valeur de la culture de l’année suivante. Si la culture est mauvaise, si la sècheresse fait rage comme c’est le cas ces dernières années, les familles se retrouvent endettées à n’en plus finir.
Entre 1999 à 2015, 250 000 suicides d’agriculteurs ont été enregistrés. C’est 1 agriculteur toutes les 30 min . Ironiquement, la méthode la plus utilisée est l’ingestion de pesticide qui, selon les autorités sanitaires, ressemble dangereusement à du Coca-Cola. 2015, ce n’est pas si loin.
Crédit photo : Fashion Revolution
On ne peut que soutenir cette initiative qui demande plus d’égalité et de dignité dans la façon dont sont fabriqués nos vêtements :
"Nous aimons la mode. Mais nous ne voulons pas que nos vêtements exploitent les gens ou détruisent notre planète. Nous nous réunissons en tant que communauté mondiale pour faire de notre manifeste une réalité." Fashion Revolution
Pour en apprendre plus sur cette initiative, rendez-vous sur le site de Fashion Revolution.
Crédit photo : Fashion Revolution
NB.: Pour écrire cet article, je me suis appuyée sur les recherches de Sven Beckert (Empire of cotton: A global History) et Sofi Thanhauser (Worn: A people History of clothing).
[1] Empireof cotton, P. 36
[2] https://truecostmovie.com/
]]>Saviez-vous, qu’au travers de l’Histoire, les tricoteuses n’ont pas toujours eu cette image qui leur colle à la peau ? Et oui, le tricot fait bon ménage avec la résistance, en voici quelques exemples.
]]>Cet article a été écrit à la suite de ma lecture d’un article du New York Times,
The Revolutionary Power of a Skein of Yarn**
(Le pouvoir révolutionnaire d'un écheveau de fil)
Écrit par Peggy Orenstein en janvier 2023.
**Veuillez prendre note que si vous n'êtes pas abonné.e au New York Times, la lecture de cette article ne sera peut-être pas possible.
Peut-être que vous ne le saviez pas mais j’enseigne le tricot au Centre des textiles contemporains de Montréal à la session d’hiver. Chaque année, je pose cette question à mes élèves : qu’est-ce que le tricot représente pour vous ? Pour délier les langues et animer la conversation, j’enchaine sur : Comment vos ami•es vous imaginent quand iels pensent à votre travail à l’école ?
Et chaque année, cette image revient, celle d’une grand-mère, tricotant dans sa chaise berçante sur le perron de sa maison.
Saviez-vous, qu’au travers de l’Histoire, les tricoteuses n’ont pas toujours eu cette image qui leur colle à la peau ?
Et oui, le tricot fait bon ménage avec la résistance, en voici quelques exemples.
De la Révolution française aux guerres mondiales, nombreuses sont les femmes qui ont utilisé cette technique pour faire passer des messages codés ou pour simplement écouter les conversations aux abords des gares et des zones de passage sans se faire remarquer. Le tricot pouvait facilement transcrire des messages en morse faisant de cette technique un discret moyen de communication. Si répandu que pendant la seconde guerre mondiale, il était interdit d’envoyer des tricots ou des patrons de tricot par la poste.
Un exemple parmi d’autres, Elizabeth Bently, une espionne américaine pendant la seconde guerre mondiale a utilisé son sac à tricot pour cacher des plans de fabrication de la bombe B-29 et d’un avion de chasse.
Pour se mettre dans le contexte de l’époque, il faut savoir que les femmes sont complètement exclues de la sphère politique. Si la déclaration des droits de l’homme et du citoyen signée en 1789 donne accès à plus d’égalité et de droits aux hommes (comme son titre l’indique), il n’en va pas de même pour les femmes qui sont exclues de ces textes de lois. Plusieurs d’entre elles, dont la plus célèbre, Olympe de Gouges, demandent que ces dernières soient également inclues dans la déclaration.
*1789-1799-Tricoteuses Jacobines par Pierre-Étienne Lesueur
Les « Tricoteuses » ou les « vulgaires et féroces poissardes » sont des femmes qui s'invitent dans les délibérations de la Convention et dans les débats des assemblées révolutionnaires pour écouter ce qu’il s’y dit.
Mais si on leur a donné ce nom de « tricoteuses », c’est parce qu’elles ne restaient pas sagement à écouter mais elles s’adonnaient à une activité habituellement réalisée à l’abri des regards à l’intérieur de leur maison. Et ce, en plein milieu de l’espace politique.
« Et, dans l'imaginaire, les aiguilles aussi sont symbole de cette perfidie, elles qui pourraient devenir dangereuses, armes ne disant pas leur nom, instruments de travail dévoyés à des fins sanglantes. »
Et oui, sait-on jamais.
*1940-Publicité pour la laine de la marque Sirdar et recueil de modèles de tricots à réaliser pour les soldats britanniques dans le cadre du mouvement Knit for Victory
À grand renfort d'articles de presse, d'affiches et de courts métrages de propagande, les Anglo-saxons associent directement le tricot domestique à l'effort de guerre.
L’ambassadrice de la propagande américaine pour encourager les femmes à participer à l’effort de guerre est Eleanor Roosevelt, aussi connue sous le nom de « First Lady of Knitting ». L’idée même de la propagande par le tricot est née lors d'un thé appelé "Knit for Defense" le 31 septembre 1941.
*1933 - Eleanor Roosevelt tricotant au congrès
On la voit ici tricotant lors d’une des assemblées du Congrès américains. On est loin de l’image des « Tricoteuses » de la Révolution plus de 200 ans plus tard.
L’idée a été lancée par deux féministes américaines Krista Suh et Jayna Zweiman qui ont incité les participantes à la marche des femmes de janvier 2017 à porter des bonnets tricotés en forme d’oreilles de chat. Cette marche avait été organisé pour dénoncer le sexisme du président nouvellement élu, Donald Trump.
*2017-Manifestation anti-trump
Ce ne sont que quelques exemples, parmi d’autres bien sûr, qui ont été oublié par les livres d’Histoire. Et quitte à parler d’Histoire et plus particulièrement d’Histoire de femme, je vous invite grandement à lire le livre de Titiou Lecoq, Les Grand oubliées, pourquoi l’Histoire a effacé les femmes.
Je finirai cet article sur cette belle phrase de Peggy Orenstein :
« Because Michelle and the rest of us aging ladies? We don’t have to just sit and rock; we can rock it. »]]>
J’ai été invitée à assister à cet évènement par l’organisme Textile Exchange qui est une ONG dont le but est d’accompagner les marques, fabricants et producteurs de l’industrie du textile vers une mode plus respectueuse de l’environnement.
J’utilise particulièrement leurs rapports sur la consommation mondiale de fibres et je participe aux tables rondes sur les fibres artificielles et sur le coton. Je lis chaque semaine les différents sujets qui ressortent du forum de discussion, j’apprends beaucoup, je trouve des noms de fournisseurs, j’effectue mes recherches.
Quelle fierté pour moi d’être invitée à un évènement aussi important par un organisme que j’admire.
J’y allais un peu naïvement dans l’espoir de rencontrer des personnes du monde entier aussi passionnée que moi. Même si mon opinion sur ce genre de sommet reste mitigée, j’y allais aussi par curiosité.
Cette année, beaucoup de personnes du secteur privé étaient présentes et plusieurs de ces entreprises travaillent dans le secteur de la mode. On parle de grosses entreprises telles que Inditex (Zara), H&M, Gildan, Victoria Secret ou encore Converse. Elles avaient toutes répondu à l’appel de l’ONG Business for nature et sa campagne « Make it mandatory ». Cette dernière regroupait 330 signataires du secteur privé et de la finance et avait pour but d'amplifier l’importance de l’objectif 15 de l'accord et demander aux gouvernements du monde entier de rendre obligatoire l’évaluation et la divulgation des impacts et dépendances des entreprises sur la biodiversité d’ici 2030.
À priori, de notre côté, on peut difficilement être contre ça. En revanche, je me suis demandée en signant si les entreprises citées plus haut avaient vraiment un intérêt prononcé sur la question. Mauvaise langue me direz-vous. Cela dit, ça fait toujours bien dans une campagne marketing.
J’ai été déçue de voir sur le premier panel de discussion sur le secteur mode, une représentante de H&M parler de son programme pour encourager l’agriculture régénératrice en Afrique du Sud. Ne vous méprenez pas. C’est super l’agriculture régénératrice et plus on en parle, mieux c’est, mais bon, je pense que H&M a bien d’autres sujets à travailler en matière de développement durable…
Même si je pense que ces entreprises ont leur place à la COP15 et que c’est important (voire urgent) qu’elles fassent leur part, les voir citer en exemple m’a un peu chiffonnée.
Peut-être trouveront-elles de l’inspiration ou des idées en participant aux conférences mais toujours est-il qu’elles sont loin d’être exemplaires en matière de protection de la biodiversité. Rappelons que H&M a été accusée plusieurs fois pour avoir fait usage de greenwashing. J’ai aussi du mal à penser que des entreprises de cette taille puissent faire quoi que ce soit pour améliorer leurs impacts sur l’environnement si elles continuent de produire à la vitesse à laquelle elles le font. Malheureusement, sur ce panel, et à aucun des autres évènements auxquels j’ai participé, nous n’avons pas parler de dépendances aux fibres synthétiques ni de surproduction.
Je nuancerai mon propos en disant que la COP15, c'est aussi un endroit où on fait des compromis alors peut-être que voir un H&M faire des efforts, c'est plus convaincant qu'une petite Montloup. C'est probablement la raison pour laquelle ces entreprises étaient invitées en premier lieu.
Crédit photo : Anne Nygard
Dans le second panel, une des panelistes a rappelé que les humains faisaient partie de la biodiversité et que c’était un non-sens de laisser de côté la responsabilité sociale des entreprises en matière de salaires et de conditions de travail. J’ai retenu que l’agriculture régénératrice est devenue « fashion » ou « mainstream ». Plusieurs représentant•es d’entreprises se lavent aussi les mains en remettant la faute sur leurs fournisseurs. À mon sens, c’est mettre la pression sur les fabricants sans les aider financièrement à faire les changements. Parce que le changement, ça coûte cher. Notre modèle économique étant basé sur le profit, la plupart des grandes entreprises de mode exigent des prix toujours plus bas. Comment peut-on espérer de la part des agriculteurs ou des fabricants de faire des changements profonds si on ne les soutient pas dans le changement ? Et par soutient, on parle d’un engagement formel à acheter une certaine quantité par année et à payer une partie de la facture d’avance pour leur permettre de mettre en place des solutions. Parce qu’attendre d’être payé à la réception des produits (ce qui peut être plusieurs mois plus tard dans le cas d’un vêtement), c’est encourager un système basé sur l’endettement. Et puis quand on parle de fabrication de coton, on parle surtout d’agriculteurs localisés dans les pays du Sud grandement touchés par les changements climatiques.
Le point suivant a été soulevé dans une des rencontres :
On ne peut pas, en tant qu’entreprises, gouvernements et organismes de pays riches, majoritairement blancs et colonisateurs, exiger de la part des fournisseurs des pays du Sud, déjà sous pression, de faire les changements et de payer entièrement pour.
Sur le panel de discussion sur l’agriculture régénératrice animé par Textile exchange, Kering et l’UNDP, on parlait justement des solutions pouvant être apportées aux agriculteurs pour les aider dans la transition.
L’une d’entre elle serait de mettre en place une résilience des approvisionnements pour sécuriser les achats d’une année à l’autre plutôt que de chercher toujours le moins cher. Helen Crowley de Pollination soulignait que pour la première fois, beaucoup d’entreprises du secteur mode étaient présentes à cette COP. Le secteur mode est en effet, très dépendant de la nature. Cela dit, elle s’indignait du fait que les politiques ne s’intéressent pas à la mode et du fait qu’on soit tous au même évènement pour les mêmes raisons sans pour autant se croiser et discuter de ces sujets.
Le représentant du gouvernement indien, Justin Mohan, tout comme son homologue salvadorien, Miguel Gallardo, parlait de la nécessité de mettre en place des partenariats durables avec les agriculteurs que ce soit financier ou entrepreneurial. Les risques doivent être partagé entre les parties et ne plus reposer seulement sur les agriculteurs. Ils mentionnaient également la nécessité de travailler avec l’inconsistance, de partager les ressources et les alternatives disponibles. Dimanche, Sarat Gidda, directeur de l’entreprise RaddisCotton, demandait que les entreprises mettent plus de cœur et d’empathie dans leur façon de faire du commerce. Il demande que les certifications soient plus inclusives et qu’elles soient disponibles dans la langue natale des agriculteurs. À l’heure actuelle, elles sont souvent disponibles uniquement en anglais.
Il y a autre chose que j’ai retenu de ces rencontres, c’est l’importance de parler ensemble autour de tables de ronde, de groupes de travail ou autres formes de regroupements. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je participe à la communauté de pratique du secteur mode textile et habillement dirigée par Concertation Montréal.
« Mise en place en 2021, cette communauté de pratique vient répondre au besoin criant des PME de s’allier pour transformer les pratiques du secteur stratégique du textile et de l’habillement vers des modèles d’écoresponsabilité et de circularité. »
Pour finir, j’ai trouvé que très peu d’actions concrètes étaient présentées mais j’ai retenu celles énoncées par la ministre de l’écologique du Kenya. Depuis peu, le pays a mis en place un plan sur 10 ans qui inclus notamment le fait de rendre la production durable plus centrale en imposant notamment aux entreprises de divulguer leurs procédés de fabrication, leurs émissions toxiques et leur gestion des déchets. Le pays souhaite également être un leadeur en matière d’économie circulaire pour supporter les entreprises à s’éloigner du modèle linéaire et les aider à faire des changements profonds dans leur modèle d’affaires. Pour ce faire, il souhaite imposer de nouvelles lois pour transformer leur système économique et financier.
Je crois que c’est ce dont on a besoin, des actions concrètes.
À l’heure où j’écris ces lignes, l’accord a été signé par consensus par les quelques 200 pays qui participaient à l’évènement. Ils se sont entendus pour protéger 30% des espaces naturels de la planète d’ici 2030. Même si l’accord est loin d’être parfait, beaucoup s’entendent à dire qu’il est historique. Pour avoir une idée des 23 objectifs, je vous invite à lire l’article de Radio Canada sur le sujet :
Un accord historique et « ambitieux » sur la biodiversité adopté à la COP15 de Montréal
Il est important que vous sachiez que la plupart des informations contenus dans cet article proviennent d’un article de Virginia Postrel, « How polyester bounced back » pour le site Work in progress.
Ce qui est certain, c’est qu’il n’en a pas toujours été ainsi. À son arrivée sur le marché dans les années 60, le polyester représente la liberté. Facile à colorer et peu cher à la fabrication, il fait le bonheur des fabricants comme des consommateur•ices. Il est facile d’entretien, léger et infroissable, il représente la nouveauté. Mais une dizaine d’années plus tard, le polyester perd de sa popularité. Il bouloche, s’étire, ne respire pas. Comble du mauvais goût, la consommation chute et le marché s’effondre.
Crédit photo : Morgane Clément Gagnon
Pour résoudre le problème, les fabricants choisissent alors de changer de cible. Plutôt que de viser la mode féminine, on investit dans la recherche et le développement pour que les tissus en polyester deviennent des tissus de performance. À une époque où le sport devient un élément important au sein de notre société occidentale, le polyester s’impose alors comme une fibre de choix pour les vêtements de course, de montagne ou de sport d’hiver.
Pour la petite histoire, c’est Mary Ellen Smith, employée de l’entreprise Patagonia qui, dans les années 80, est allée chercher des industriels et scientifiques pour créer les tissus qui s’adapteraient parfaitement aux produits de l’entreprise. Le premier, c’est le fameux Polar Fleece. Créé par l’entreprise Malden Mills, il s’agit d’un tissu polaire brossé sur les deux côtés, confortable, qui tient chaud sans retenir l’humidité. Au contraire de la laine qui s’alourdit avec l’humidité, le polyester reste léger. C’est le tissu utilisé pour la fabrication du produit phare de l’entreprise : son chandail au bloc de différentes couleurs.
Crédit photo : Charles Deloye
Le second exploit concerne les vêtements plus proches du corps, la sous-couche qui doit tenir chaud sans retenir l’humidité. Pour ce faire, l’entreprise utilise les services de Milliken & Co pour développer un traitement capable d’évacuer la sueur vers l’extérieur plutôt que de l’absorber dans le tissu.
Quelques années plus tard, c’est au tour du géant de la basket Nike d’investir quelques milliers de dollars dans la recherche d’un tissu idéal pour ses tshirts de sport. Avec la naissance du sportwear puis son avènement au début des années 2000, le polyester a ensuite envahi le marché jusqu’à obtenir la première place du podium aujourd’hui (avec tous les problèmes que ça peut engendrer).
Crédit photo : Patrick Hendry
Il est fascinant de voir à quel point investir dans la recherche et le développement peut mener à des changements profonds dans nos façons de consommer. C’est pourquoi il est essentiel aujourd’hui de continuer d’investir pour créer des tissus qui soient à la fois performants et durables mais aussi écologiques. Pas besoin de regarder loin en arrière pour se rendre compte qu’il est possible de faire changer les choses en investissant du temps et de l’argent. Chez Montloup, on fait le choix chaque année de réinvestir les profits de l’année précédente dans la recherche. Bien évidemment, nous n’avons pas le poids de Patagonia ou de Nike, nos investissements sont à la hauteur de la taille de notre entreprise. L’Histoire nous montre également que la recherche peut prendre des années pour aboutir à quelque chose de viable. C’est une supposition, une hypothèse, l’espoir de créer un tissu qui soit intéressant et vendable. Au travers de cet article, on avait aussi envie de vous présenter le résultat de quelques recherches passées.
#1 Nos recherches avec la fibre de chanvre. Depuis la création de l’entreprise, on a essayé différents tissus que vous pouvez tous retrouver dans la section Chanvre de notre site web.
Mais pour pouvoir faire ces essais, nous avons investi dans une quantité de fil importante. Cette recherche est toujours en cours depuis plus de 3 ans maintenant. Certains de nos styles sont concluants comme notre polaire 70% coton bio, 30% chanvre mais nous travaillons toujours à développer un jersey qui soit à la fois confortable et possible à produire à grande échelle. Le tout en restant compétitives.
#2 Notre polar sherpa. On parlait de Patagonia un peu plus haut, et bien l’an passé, nous avons essayé développer un Polar fleece 100% coton bio. Le résultat a été concluant seulement au 3ème essai et on est plutôt fières du résultat ! Le tissu est doux, confortable et durable. Cependant, pour ajouter un côté plus thermique à notre tissu, nous allons faire d’autre essais avec un faible pourcentage de laine Rambouillet des États-Unis. Ce tissu n’a pas pour vocation de remplacer le polyester dans les vêtements de haute-performance mais plutôt pour les vêtements d’extérieur de tous les jours. Parce qu’on s’entend, si certaines innovations sont essentielles pour améliorer le confort des sportifs de haut niveau, elles ne sont pas nécessairement essentielles au commun des mortels. On ne grimpe pas l’Everest toutes les fins de semaine !
#3 Notre velours. Vous nous le demandez depuis si longtemps ! Le résultat est loin d’être parfait mais c’est un bon début. Pour la petite histoire, beaucoup de velours était produit à Montréal jusqu’en 2016 où le dernier finisseur de velours a abandonné ce type de finition, faute de demande. Le velours V40BCPBC a été fini chez un nouveau partenaire qui était prêt à l’essayer. Le dos est encore à améliorer, le tissu est peut-être un peu trop léger mais on est quand même bien contentes du résultat !
[i] Textile-Exchange_Preferred-Fiber-and-Materials-Market-Report_2021
[ii] https://www.qualitynylonrope.com/blog/the-complete-history-of-polyester/
Article de Virginia Postrel : https://www.worksinprogress.co/issue/how-polyester-bounced-back/
]]>Par la même occasion, juillet marque pour nous le passage à la nouvelle année fiscale : L’occasion parfaite pour nous d’analyser les chiffres de la précédente, et de planifier celle à venir.
Plus que jamais, il est urgent de prendre des mesures radicales pour réduire notre impact sur l’environnement, et de fait, pérenniser la vie des êtres vivants sur la planète.
Mais comment s’améliorer et investir en des pratiques durables si on n’a aucune idée des différentes étapes et personnes impliquées dans la fabrication de nos vêtements ?
Bien souvent, quand la mention « fabriqué au Canada » est apposée sur un vêtement, seules les étapes de coupe et de couture sont prises en compte. On oublie bien souvent toutes les étapes qui mènent à la fabrication du tissu. Or, le tissu compose la majeure partie du vêtement.
Pendant longtemps, les marques ont choisi de cacher les informations concernant leur production pour maximiser les profits. On parle ici de l’origine des matériaux, de leur transformation, des pays de fabrication, des produits chimiques utilisés, de la gestion des déchets mais aussi des conditions de travail et du salaire des employé•es.
Les politiques gouvernementales leur ont permis (et leur permettent encore) de le faire puisqu’aucune loi à ce jour n’oblige les marques à rendre ces informations publiques. Cependant, tel que mentionné dans notre dernier article sur la fabrication éthique, plusieurs projets de loi sont en cours d’évaluation aux États-Unis et en Europe.
Selon l’index de transparence 2022 de l’organisme Fashion Revolution, 50% des grandes marques de vêtements publient très peu ou pas d’information sur leur chaine d’approvisionnement.
Or, la transparence est un élément essentiel pour l’amélioration des pratiques et le partage des connaissances. Elle permet également de mettre en place des actions concrètes pour produire de façon plus durable.
En 2020, les fibres synthétiques (polyester, spandex, nylon, …) représentent 62% du marché. Les experts estiment que cette part pourrait atteindre 45% d’ici 2030. Sur les 26,2% que représente le coton, seulement un tier représente les cotons plus durables (GOTS, Better cotton, Fairtrade…)[2].
C’est le nombre de mètres total que l’on a produit au cours de notre exercice financier 2021/2022.
100% de notre activité de tricotage est basée à Montréal et la totalité des activités de teinture et de finition sont faites en Ontario. 100% des personnes qui travaillent dans ces étapes clés sont payées à minima au salaire minimum pour les débutants du secteur. Les travailleur•ses les plus expérimentés ont des salaires plus attractifs. Les normes de santé et de sécurité sont également respectées.
Les étapes que l’on doit améliorer sont la production des fibres et leur transformation en fil (filature).
Pour tous nos fils de coton certifiés GOTS, les travailleur•ses doivent avoir des conditions qui répondent aux normes de l’organisation mondiale du travail (sécurité, salaire, congés, …). Il en va de même pour les fils fabriqués aux États-Unis. Pour s’en assurer, nous planifions visiter les entreprises avec lesquelles nous travaillons au cours de la prochaine année.
Pour les fibres de viscose de bambou ou de chanvre, nous n’avons aucune possibilité de nous assurer des bonnes conditions de vie des employé•ees. Pour pallier ce problème, nous cherchons activement des alternatives à la viscose de bambou ou de nouveaux fournisseurs permettant d’offrir une traçabilité et des informations sur leurs méthodes de production. Aucun investissement en des fils de chanvre provenant de la Chine ne sera fait dans les prochaines années. Si la piste du chanvre reste à explorer, on priorisera un approvisionnement européen.
54.6%, c’est la part de coton biologique certifié (GOTS, OCS ou USDA Organic).
On remarque une part importante de coton régulier (22.6%).
Cela s’explique par deux facteurs :
La laine Rambouillet des États-Unis fait aussi son apparition sur le graphique. Elle représente 1.2% de notre production, ce n’est pas beaucoup mais il faut bien commencer quelque part !
Concernant l’origine des fibres, on remarque une diversification de l’approvisionnement. En effet, jusqu’en 2020, 100% de nos fils provenaient d’Asie. On est très fières aujourd’hui de voir que presque 50% des fils utilisés en 2021/2022 provenaient d’autres pays dont 21% du continent américain (États-Unis et Pérou).
Il est important de se rappeler que parler de transparence, c’est aussi montrer les bons comme les mauvais côtés pour permettre de s’améliorer.
Dans l’idéal, nous aimerions nous éloigner de la viscose de bambou pour n’offrir que des matières 100% naturelles. (voir article Profits/Façons de faire/Slow business). Force est de constater que ça n’arrivera peut-être pas de ci-tôt.
Pourquoi ?
Parce que certain•es de nos important•es client•es utilisent encore cette fibre pour sa douceur et sa souplesse. Faire le choix de retirer complètement ce fil de nos productions reviendrait à perdre une grande partie de notre clientèle. En tant que petite entreprise, nous ne pouvons malheureusement pas nous permettre de perdre cette clientèle qui nous assure un revenu, et de fait, nous permet de poursuivre nos activités. Cependant, c’est par des articles tel que celui-ci et bien d’autres qu’on espère faire changer les mentalités et inciter nos client•es à faire des choix plus durables.
[1] https://www.fashionrevolution.org/about/transparency/
[2] https://textileexchange.org/wp-content/uploads/2021/08/Textile-Exchange_Preferred-Fiber-and-Materials-Market-Report_2021.pdf
]]>Photo : Keagan Henman
Ce qu’il faut savoir, c’est qu’un vêtement fabriqué au Canada n’est pas forcément produit dans des conditions éthiques ou décentes. Il existe aussi des sweatshops au Canada, tout comme aux États-Unis ou en Europe. À ma grande surprise, j’ai découvert cette réalité dans Fashionopolis de Dana Thomas. L’autrice dépeint surtout le portrait des grandes villes manufacturières comme Los Angeles ou New York, mais pour l’avoir entendu de mes propres oreilles, il en existe aussi à Montréal.
Un sweatshop, c'est un endroit où travaille des couturiers (et majoritairement des couturières) dans des conditions déplorables, bien souvent dangereuses et où les droits du travail ne sont pas respectés, en plus de salaires très bas. On pointe bien souvent les pays asiatiques du doigt, et à juste titre car la grande majorité de ces fabricants se trouvent en Asie. En revanche, on oublie bien souvent de regarder ce qu'il se passe chez nous.
Il est important aussi de souligner que le travail de couturiers•ères au Canada est souvent assuré par des femmes immigrées dont certaines entreprises profitent des attentes salariales basses pour les exploiter.
Il faut donc bien faire la distinction entre l'achat local et l'achat éthique.
Photo : Rio Lecatompessy
La fabrication de vêtements a depuis longtemps les pieds dans l’esclavagisme et le colonialisme. Pour ne citer qu’un exemple pas si lointain, l’empire américain du coton s’est construit sur l’esclavage des Noirs.
« Without slavery, there would be no cotton. Without cotton, there would be no modern industry. » Karl Marx
Aujourd’hui si le Canada, comme la majorité de ses compères occidentaux, a perdu la plupart de ses savoir-faire et de ses emplois dans le domaine, c’est parce qu’on a fait le choix sociétal et politique de délocaliser la production manufacturière dans des pays où la main d’œuvre est bien moins chère. On a fait le choix conscient d’aller exploiter des gens à l’autre bout de la planète pour sauver des coûts, pour vendre plus.
En 1991, 56.2% des vêtements achetés aux États-Unis étaient produits dans le même pays. En 2012, ce chiffre est tombé à 2.5%.[1]
Heureusement, il existe des entreprises qui garantissent un espace de travail sain où les normes du travail sont respectées et les salaires décents. C'est le cas des Productions RN dont on salue le superbe travail.
Photo : Reuben Kim
En 2020, au début d’une nouvelle ère, j’écrivais
« Je ne crois profondément qu’aucun de ces matériaux ou solutions [coton biologique, spandex biodégradable, recyclage…] ne pourront sauver l’avenir de la mode sans que l’on s’interroge fondamentalement sur notre façon de produire et sur notre société de consommation qui nous encourage à acheter toujours plus. »
Deux ans et une pandémie plus tard, je n’y crois toujours pas. Ce dont la mode a besoin, c’est d’un changement radical et fondamental.
Selon une théorie que j’ai découverte récemment en préparant cet article, il serait peut-être possible de résoudre la crise climatique en augmentant les salaires des employés.
Photo : Adriana Castillo
Aujourd’hui, j’aimerais parler de cette théorie nouvelle qui consiste à investir dans l’humain[2]. Parce que je la trouve belle et profondément puissante.
Il s’agit d’une théorie pensée par l’environnementaliste Roland Geyer dans son livre :
The Business of Less: The Role of Companies and Businesses on a Planet in Peril
Son idée serait d’augmenter drastiquement le salaire de tous les fabricants et fabricantes de la chaine de production (du champ de coton à la couture finale en ce qui nous concerne) pour réduire l’impact de la mode sur l’environnement. Il explique même que cette action pourrait à elle seule résoudre le problème de l’impact environnementale de la production sur la planète, ou en tout cas, bien plus que de changer les matières premières à partir desquelles nos vêtements sont produits.
Vous vous demandez certainement ce que ça changerait ? Moi aussi, mais figurez-vous qu’en regardant de plus près, la théorie est plus qu’intéressante.
Avant d’entrer dans les détails, il est important de se rappeler ce qu’est l’effet rebond. L’effet rebond est une théorie qui consiste à dire que la réduction de quelque chose entraine forcément l’augmentation d’une autre. Dans l’exemple qui nous intéresse, l’amélioration de l’efficacité énergétique (en utilisant moins de pétrole ou en ayant une production biologique) ne permettrait pas forcément de diminuer l’impact carbone. Au contraire, elle pourrait inciter les consommateurs à acheter plus, le tout en ayant la conscience tranquille. C’est l’idée derrière le programme de récupération de vêtements usagés de H&M qui en échange vous donne un bon d’achat. Vous pensez certainement que votre t-shirt usagé sera recyclé, alors qu’il finira probablement au large d’une plage au Ghana. Encore un bel exemple de colonialisme contemporain.
Mais revenons à la théorie de Geyer.
Le travail exécuté par un humain n’a aucun impact sur l’environnement. Cela s’appelle
En payant davantage les travailleurs, chaque dollar investi dans la main d’œuvre aura donc un impact écologiquement neutre plutôt que d’être investi dans toute autre action avec un impact carbone positif. L’auteur appelle ça l’effet rebond inversé.
Il serait alors possible d'obtenir une croissance économique en centrant notre économie autour des humains plutôt que des marchandises.
C’est fantastique parce que cette théorie réunit deux réalités différentes, soient sociale et environnementale. À mon sens, l’une ne va pas sans l’autre, mais force est de constater que ce n’est pas le « sens » de tous.
Bien sûr, il existe plusieurs contre-arguments à ce concept, mais Geyer rappelle qu’implémenter de nouvelles taxes et politiques pourraient être nécessaire pour que cette théorie fonctionne.
Faire évoluer les politiques et réglementations, c’est ce que cherche à faire le regroupement En Mode Climat en France.
En mode climat est une coalition de plus de 300 acteurs du textiles (marques, mais aussi usines, organismes, médias…) réunis pour faire un lobbying vertueux pour lutter contre le réchauffement climatique. Le regroupement s’attaque notamment à l’affichage environnemental ou à la mise en place d’un bonus-malus qui pénalise la fast fashion et encourage les marques les plus vertueuses[3].
Une excellente proposition de loi nous vient aussi tout droit de nos voisins américains.
Il s’agit du FABRIC act qui propose la mise en place de protections pour les travailleurs•euses du secteur mode et textile ainsi qu’un incitatif pour les marques à produire aux États-Unis. Les 5 principaux piliers de ce projet de loi sont[4] :
Ça donne des idées n’est-ce pas ?
Pour vous engager au Québec :
Fashion Revolution Canada - https://www.fashionrevolution.org/north-america/canada/
Communauté de pratique – Relance verte / Secteur du textile et de l’habillement
https://concertationmtl.ca/communaute-de-pratique-relance-verte-secteur-textile-et-habillement/
Fibershed Québec - https://fibershed.uqam.ca/
[1] Fashinopolis, p.5
[2] Could Living Wages Help Solve Fashion’s Climate Crisis? New Research Says Yes
[3] https://www.enmodeclimat.fr/
[4] https://thefabricact.org/
]]>Cet article a beaucoup raisonné en moi.
Lors de la Fashion Revolution Week à la fin du mois d’Avril, on vous présentait les portraits des personnes avec qui nous travaillons. Vous avez certainement remarqué que la majorité d’entre elles sont amplement plus âgées que moi.
Au travers de cet article, Whitney Bauck fait référence au mouvement écologiste qui a activement cherché à combiner l'énergie des jeunes leaders avec l'expertise de leurs aînés, « le résultat est une puissante alchimie de deux parties qui peuvent travailler ensemble pour apporter un réel changement. ». Elle insiste sur le fait que la mode aurait tout intérêt à faire de même et je suis bien de cet avis.
Au travers de mes expériences de vie, j’ai pu remarquer que les alliances intergénérationnelles sont souvent très stimulantes et peuvent apporter beaucoup.
L’autrice fait dans cet article un beau parallèle avec le monde végétal et la pollinisation croisée.
“The kind of intergenerational community that brings together the urgency of youth with the embodied wisdom of age is not as present as it should be in the sustainable fashion movement.”
Je vous présente ici quelques exemples :
Joe – 60 ans de métier.
C’est le monsieur avec qui j’ai le plus appris.
Ce que j’aime dans cette relation c’est la confiance qui s’est installée au fil des années, c’est le partage, l’écoute et la bienveillance. Il m’a soutenu dans les tout premiers débuts de l’aventure Montloup, a répondu à mes nombreuses interrogations sans jamais émettre de jugement. Je crois que de mon côté, je lui apporte un peu de challenge avec ma volonté de toujours vouloir faire mieux en termes d’impact environnemental. Je lui apporte aussi mon dynamisme et mon écoute, le café aussi parfois.
Joe, c’est aussi celui qui est à la tête du navire de tricotage. Il a dans son équipage plusieurs autres personnes dont Mario le technicien (ci-dessus, à gauche), qui m’a appris à démonter une machine à tricoter industrielle.
La troisième personne dont j’aimerais parler est Sebastiano (ci-dessus, à droite), celui qui m’a appris à tricoter et à réparer des machines. Il est aujourd’hui à la retraite et m’a donné sa boite à outils, un trésor que je vais garder encore longtemps.
J’ai appris de chacun d’eux et je continue d’en apprendre chaque jour. Je crois que le jour où je n’apprendrai plus, je changerai aussi de métier.
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“Le rythme auquel nous fabriquons des vêtements, ou tout autre item, nous permet de nous sentir chez soi dans nos corps, peu importe ce qui se passe en ceux-ci. C’est un peu comme un retour à la maison, à un rythme qui nous est familier, à l’acte de créer en soi.
Voilà la magie de coudre et piquer, celle qui vit en nous. C’est un chez soi vers lequel nous pouvons retourner sans cesse. En groupe ou seul, le rythme ne change pas. C’est le nôtre, celui qui vit en nous “
Ceci est un extrait d’un texte écrit par Betsy Greer pour Tauko Magazine.
Je l’ai trouvé si beau et si criant de vérité que j’avais besoin de vous le partager ici.
Chez Montloup, c’est le début d’une nouvelle ère. C’est le moment où on prend le temps d’analyser l’année qui vient de se terminer pour envisager celle qui s’en vient. C’est aussi le temps de l’année où je me reconnecte à ma passion première, le tricot, en donnant des cours au centre des textiles contemporains de Montréal. Je reprends contact avec la matière, le fil, pour créer des motifs et des textures au gré des inspirations. Je me sens privilégiée de pouvoir enseigner cette passion et transmettre une partie de ce que je sais dans le vrai monde.
En ce mois de février, j’avais envie de vous en partager un peu plus sur notre façon de fonctionner chez Montloup. D’abord par souci de transparence, mais aussi pour vous permettre de mieux comprendre notre mission et nos souhaits pour l’avenir.
[ Crédit photo Adriana Castillo ]
L’idée derrière Montloup est de contribuer positivement à une industrie qui est désormais déconnectée de ses origines, de la terre, de la tradition, de la beauté.
Pour ce faire, on investit beaucoup dans la recherche de nouvelles fibres et de nouveaux fournisseurs. Mais comme vous devez vous en douter, tout cela a un coût.
Si un vêtement vous coûte en bas de $10, c’est que quelqu’un (et souvent quelqu’une) en paie le prix quelque part sur la planète. Ce n’est pas nouveau, on en entend de plus en plus parler et ce même dans les médias mainstream, la « fast-fashion » est un système d’oppression considérable qui pollue, appauvrit et réduit à l’esclavage une partie de nos semblables.
Dans ce système, ce ne sont pas les industriels qui paient le juste prix, ni même les consommateurs. Ceux qui paient, ce sont ceux qui fabriquent nos vêtements dans des conditions déplorables, ceux qui au cours de l’année 2020 n’ont même pas été payés (voir le mouvement #payup sur les réseaux sociaux). D’ailleurs, ceux qui en paient indirectement le prix, c’est nous tous à travers les nombreuses catastrophes climatiques que l’on a pu vivre ces dernières années, et qui ne sont pas sans lien avec la pandémie que nous subissons depuis maintenant deux ans.
Toutefois, ceux en première ligne, ceux qui paient le plus cher, ce sont les pays exportateurs de vêtements. En anglais, on les appelle les pays du « Global South ». Ce sont celles et ceux qui vivent en des régions si chaudes qu’elles ne seront bientôt plus habitables. Ceux qui vivent dans des endroits dont certaines zones sont déjà arides et ne permettront bientôt plus la cultivation. Ces quelques lignes montrent que le combat climatique est aussi un combat racial et social.
Chez Montloup, on préfère payer plus cher en sachant que notre argent n’a pas participé à nourrir un système auquel on ne croit plus. Payer pour des fibres écologiques de qualité, c’est renverser la balance. C’est assumer ses choix et promouvoir une façon de produire différente : c’est contribuer au renversement du paradigme en place.
Donc le coût, c’est nous qui l’assumons, et vous, lorsque vous décidez d’acheter un de nos tissus.
[ Crédit photo Adriana Castillo ]
Le prix de chaque tissu est rigoureusement calculé selon une règle classique.
La plus grande partie sert à payer les frais de fabrication qui comptent pour environ 60% du prix. La fibre, le fil, le tricotage, la finition. Vient ensuite un pourcentage lié à nos frais variables d’exploitation (salaires, loyer, électricité, site web…). En dernier est ajouté notre marge de profit et c’est sur cette dernière que j’aimerais m’arrêter.
Montloup est pour l’instant une entreprise incorporée à propriétaire unique, en l’occurrence moi (Lila). Je dis « pour l’instant » car on est bien intéressé par d’autres modes de gouvernance mais je n’irai pas plus loin dans cet article.
Toujours est-il que techniquement, l’ensemble des bénéfices de l’entreprise me reviennent et qu’à chaque année, je décide de les réinvestir dans mon entreprise.
Plutôt que d’emprunter de l’argent, j’ai décidé de financer mes propres projets. C’est une formidable réappropriation de mes choix sans devoir rien à personne.
Notre marge de profit, donc, c’est ce qui nous permet de faire des bénéfices et d’investir dans la recherche et le développement de nouvelles matières. C’est la plus grosse dépense annuelle après les salaires, c’est la raison pour laquelle j’ai choisi de poursuivre l’aventure Montloup.
[ Crédit photo Bergman Rivera ]
Donc, en achetant un tissu chez nous, vous financez indirectement cette recherche et je vous en suis grandement reconnaissante.
Cela dit, si on est trop cher, je vous invite à passer votre chemin.
Cependant, notre mission première demeure de rendre accessible des tissus de qualité aux acteurs de la mode locale. C’est la raison pour laquelle nous avons développé le programme de préventes collaboratives. J’ai l’intention de vous inviter à participer davantage à la création de la collection au cours de la prochaine année.
Dans un de nos précédents articles – Tendre vers le mieux – je vous partageais les problèmes que nous avons éprouvés dans la dernière année concernant l’approvisionnement en fils de coton biologique. Pénurie, hausse des prix, crise des transports, pandémie, tous ces facteurs m’ont amené à repenser notre façon de nous approvisionner. Si le monde d’avant mettait de la pression sur les fabricants de fils et de tissus en leur demandant de produire en avance une certaine quantité de produits pour satisfaire les demandes potentielles du marché, on assiste aujourd’hui à un changement de paradigme où on inverse la tendance. Parce que si on veut encourager l’agriculture biologique, il faut d’abord et avant tout soutenir les agriculteur.trices. En leur promettant des commandes consistantes, ils peuvent commencer à investir dans des méthodes d’agriculture plus couteuses et vertueuses puisque leurs investissements seront compensés par des commandes importantes pour un prix plus intéressant que celui du coton conventionnel.
C’est pour cette raison précise que nous avons ajouté un nouveau fournisseur à notre liste : Bergman Rivera.
[ Crédit photo Bergman Rivera ]
Bergman Rivera est une filature basée au Pérou. Iels travaillent avec plus de 200 producteurs de coton allant de la fibre longue à extra longue (le Pima), en passant par le coton natif (naturellement coloré). Iels sont présentement en train de développer des projets pilotes en agriculture régénératrice car iels s’intéressent grandement à la santé des sols.
Leur but est de faire le lien entre les entreprises, les designers et les producteurs, de donner de la valeur et davantage de pouvoir aux agriculteur.trices. C’est aussi la seule entreprise d’Amérique du Sud à être certifiée GOTS.
L’ensemble des tissus en coton biologique vendus lors des préventes collaboratives de ce mois-ci sont fait à partir de leur fil.
[ Crédit photo Bergman Rivera ]
La durabilité c’est aussi faire des choix et des compromis qui vont assurer la pérennité d’une entreprise. Cette année, j’ai choisi de continuer de travailler avec la viscose de bambou. Idéalement, j’ai pour objectif de trouver une fibre qui pourrait la remplacer dans le futur.
Parce que le procédé viscose peut être dangereux pour l’environnement et les travailleurs. On la classe dans les fibres écologiques car le bambou est un arbuste qui pousse en abondance sans nécessiter de pesticides. Ses forêts se régénèrent rapidement et absorbent une quantité importante de carbone. Cependant, le procédé de transformation utilise des agents chimiques et sa fabrication doit être rigoureusement contrôlée. Il est possible de créer des viscoses de façons plus écologiques mais la plupart des fils proviennent de pays outre-mer où il est souvent difficile d’obtenir de la transparence.
Nous continuons d’utiliser cette fibre, mais ce n’est définitivement pas celle que nous mettons de l’avant.
Voilà, nous sommes tous et toutes sur la même page !
Sur ce, on vous souhaite une très belle année 2022 !
]]>Quoi de mieux pour une amoureuse de la couleur que d’aller visiter une maison tinctoriale ! J’y étais aux côtés d’Adriana, la toute première employée et photographe de Montloup, pour rencontrer les deux belles humaines derrière ce projet, Marie-Pier Briand et Daniela Velasco.
Fondée en 2020, Colorfolks est une maison de teinture basée dans la région de Québec, qui offre une gamme de produits textiles teints naturellement (chouchoux, tshirts, bandanas…) ainsi qu’un service de teinture sur mesure.
Photo : Adriana Castillo
Derrière cette belle entreprise se cache deux entrepreneures passionnées et passionnantes.
C'est à la suite d'un événement important que Marie-Pier a fait un 180 degrés dans tous les aspects de sa vie. Tout lui indiquait que le chemin de la teinture naturelle et un mode de vie «plant-based» étaient une solution idéale pour elle.
Après plusieurs formations en teinture naturelle suivies à l’international avec de Grands Maîtres, elle désire, aux côtés de Daniela, apporter une nouvelle couleur au monde de la teinture naturelle au Québec et bâtir un projet singulier: Colorfolks.
La formation de chimiste analytique de Daniela leur a également permis de faire leurs propres expérimentations à la lumière de l’enseignement reçu par le passé.
Daniela et Marie-Pier, Photo : Adriana Castillo
C’est après plusieurs échanges qu’est née l’idée d’une collaboration entre Montloup et Colorfolks.
Cela fait plusieurs années que je m’intéresse à la teinture naturelle pour ma pratique personnelle. J’ai d’ailleurs plusieurs amies qui ont travaillé dans le domaine et j’ai moi-même une petite expérience de cette technique acquise aux côtés de Julie Andrée, de Infuse et Myriam Ronchon de Habi Habi.
On teint des tissus depuis la nuit des temps et ce sur toutes les surfaces du globe. Les techniques sont donc nombreuses et varient en fonction des endroits et des cultures. La disponibilité des matières colorantes (plantes, racines, feuilles, …) joue également un rôle important. Bien avant la mondialisation, les produits d’utilité quotidienne dont les vêtements, étaient fabriqués en fonction des ressources disponibles sur le territoire.
Quand on commence à s’y intéresser, on découvre alors un univers aussi grand que l’infini.
Photo : Adriana Castillo
Je rêverais de pouvoir offrir une toute petite collection de tissus teints naturellement avec leurs procédés et c’est la raison pour laquelle j’ai contacté Marie-Pier en premier lieu. Nous ne sommes pas encore rendues là, mais en attendant, c’est avec joie que je vous partage la petite recette que nous avons expérimentée à partir de peaux d’oignons dans leur local.
En plus de ce bel échange, ce projet est le fruit du maillage de différentes entreprises.
Les T-shirts nous ont été donnés par Alexandre, de Mercerie Roger. Ils sont faits à partir de coton biologique des États-Unis, tricotés chez Montloup. La coupe et la couture ont été faites au Québec. Les peaux d’oignons nous ont été données par le Café des habitudes, situé à Montréal, qui travaille fort pour réduire au maximum son empreinte écologique. Ces peaux sont un déchet alimentaire de leur production domestique de soupe.
Photo : Adriana Castillo
Attention, cette recette est très simplifiée et est à la destination des particuliers uniquement. Elle n'est pas en lien avec les pratiques de Colorfolks. Les tissus n’ayant pas été mordancés, la couleur va évoluer au fil du temps en fonction de l’exposition à la lumière et aux lavages.
L’atelier n’étant pas ouvert au public pour le moment, nous vous invitons à les suivre sur les réseaux sociaux pour connaître leur date de lancement. En attendant, voici quelques sneak peek de leur espace de travail !
Photo : Adriana Castillo
Daniela, Marie-Pier, Adriana, Lila
]]>Comme vous le savez, la plupart de nos tissus sont fabriqués à partir de coton biologique. En chiffre, le coton biologique représente 82% de notre production en 2020.
Une des répercutions positives de la crise du corona virus est celle d’avoir soulevé des interrogations chez les consommateurs•trices et d’avoir incité les marques de vêtements à se tourner vers des modes de fabrication plus respectueux de l’environnement, en utilisant, en autre, davantage de fibres biologiques comme le coton. On ne peut que se réjouir de la popularité grandissante de cette fibre mais il faut savoir que le coton biologique représente moins de 1% de la fabrication mondiale annuelle de coton[1] et qu’il faut 3 à 5 ans pour un•e agriculteur•trice pour passer d’une production conventionnelle à biologique.
La demande est telle que la filière d’approvisionnement ne suit plus et que les quantités de coton biologiques mondiales sont épuisées. À cela s’ajoute la crise des transports avec un nombre de containers voyageant de l’Asie au monde occidental réduit, entrainant une hausse conséquente du fret[2].
Ce n’est pas propre au Québec, l’ensemble du secteur est affecté.
Graphique : Biomimicry - The Nature of fashion
Je reste cependant persuadée que les matières premières, aussi écologiques soient-elles, ne suffiront pas à engager la transition si l’on ne s’interroge pas fondamentalement sur notre façon de produire et de consommer[3].
Qu’une entreprise à grande échelle remplace l’ensemble de sa production par des matières biologiques tout en continuant de produire en masse ne peut pas résoudre le problème.
Parce que l’agriculture conventionnelle avec pesticides a justement été inventée pour soutenir la demande de l’industrie de masse. L’agriculture biologique tout comme l’agriculture régénératrice, respecte le cycle de la nature, et qu’on le veuille ou non, ce cycle prend du temps et ne peut subvenir à un besoin massif.
« I have looked long and hard. Seriously, at trying to find an example of where large-scale extraction of wildlife is sustainable. It just doesn’t exist.”
Dr Sylvia Earle, océanographe, exploratrice, auteure et conférencière américaine
C’est la raison pour laquelle j’ai fait le choix de conserver une production plus petite en restant accessible aux designers et aux acteurs de la mode locaux.
Je pense qu’aujourd’hui, il est nécessaire de produire moins mais mieux et de soutenir les entreprises locales qui vont dans le même sens.
Selon la porte-parole de L’Uit (Union des Industries Textiles) Anne-Laure Milhe, un retour à la normale devrait se faire à l’automne 2021, à la suite des récoltes.
Avant de se retrouver dans nos vêtements, la fibre de coton provient d’un arbuste, le cotonnier, qui pousse principalement dans des zones tropicales et subtropicales. Il s’agit d’une culture exigeante et sensible puisqu’elle nécessite 120 jours de pluies abondantes pendant la pousse ainsi qu’une période de soleil, de chaleur et de sécheresse pendant la maturation de la plante. Il fleurit en été et se ramasse à la fin de celui-ci. Pour produire du fil, il faut que celui-ci passe entre les mains des ouvriers des filatures qui vont le carder, le peigner et ensuite le filer.
De nos jours, on est tellement déconnecté de notre système de production (que ce soit pour l’alimentation ou l’habillement) qu’on en oublie les saisons qui rythment les plantations.
C’est vraiment cette idée de déconnexion qui ressort des belles discussions auxquelles j’ai assisté au cours des dernières semaines.
J’écrivais en avril 2020 que
« C’est en ramenant la production à des échelles plus humaines que l’on pourra tendre vers des modes de vie plus durables. »
Je crois que cette pensée fait encore plus de sens aujourd’hui.
Graphique : Biomimicry - The Nature of fashion
Pour reconnecter, il faut comprendre qu’il y a déconnexion et recoller les morceaux.
Pour pouvoir le faire, il faut s’interroger, se renseigner, comprendre. Plus le périmètre est petit, et plus il est facile de venir créer du lien. Bien que le tricotage et la finition se fasse dans un périmètre de moins de 500 Km, le fil, lui, venait toujours d’Asie. J’ai commencé mes recherches au Québec, puis je les ai élargies aux États-Unis pour trouver des fabricants de coton biologique américain dont la fibre pousse au Texas ainsi qu’une fabricante de laine, dont les moutons sont élevés en Californie. J’ai hâte de vous en dire plus sur ces découvertes et sur les projets que nous allons développer ensemble !
Ce qui m’enchante dans ces nouvelles relations, c’est la proximité des fabricants, leur accessibilité et leur engagement pour l’environnement. À terme, c’est l’ensemble de notre production qui sera traçable et plus locale avec ce grand rêve que je partage avec vous :
[1] https://www.modeintextile.fr/production-de-coton-biologique-hausse-de-56/#:~:text=Le%20rapport%20montre%20que%20la,quantit%C3%A9%20totale%20de%20coton%20produite
[2] https://www.journaldutextile.com/les-prix-des-matieres-premieres-et-du-fret-explosent
[3] https://la-mode-a-l-envers.loom.fr/du-charbon-dans-le-coton-pourquoi-la-mode-doit-reduire-sa-production/
]]>Quand j’ai commencé à travailler pour une entreprise de fabrication de tissus à Montréal en 2016, je n’avais aucune idée de l’impact que pouvait avoir les vêtements que l’on porte sur la planète ou sur les humains qui les fabriquaient.
Je travaillais alors pour quelqu’un qui avait fait le choix de ne produire que des tissus à partir de matières biologiques, ici, à Montréal. Un choix fait au début des années 2000 dans une industrie mourante au profit de marchés plus attrayants à l’autre bout de la planète. Un choix remarquable et courageux, qui, s’il s’est soldé par un échec une quinzaine d’années plus tard, vaut quand même la peine d’être souligné.
J’ai commencé à m’intéresser à ces questions, certaines de nos clientes partageaient leurs avis et opinions. Au gré de mes recherches, je suis tombée sur The True Cost, un reportage choquant sur les dessous de la mode à bas prix dont le point de départ n’est nul autre que la tragédie du Rana Plaza dont je parlerai quelques lignes, plus bas. Je me souviens encore de la claque que je me suis prise en pleine face dans la chambre de mon appartement sur la rue Saint Joseph.
À la suite de cette révélation, j’ai découvert le site de Fashion Revolution un site merveilleux pour celles qui voulaient aller plus loin, comprendre.
Fashion Revolution est un organisme fondé en Angleterre à la suite de l’effondrement du Rana Plaza en 2013 au Bangladesh, entrainant la mort de plus de 1000 travailleurs (et essentiellement travailleuses) du vêtement. Un lieu de production dans un immeuble insalubre où des milliers d’employés travaillaient pour des grandes chaines de vêtements mondiales, pour un salaire de misère et dans des conditions déplorables. Un « sweat shop » comme il en existe des milliers à l’échelle mondiale, comme il en existe au Canada ou aux États-Unis.
Fashion Revolution a pour but d’informer sur les impacts et les dangers de la mode à bas coûts mais aussi de promouvoir l’artisanat et d’autres formes de production plus viables et écologiques. L’organisation est à l’initiative de la Fashion Revolution week qui a lieu tous les ans en mémoire la tragédie du Rana Plaza, en cette semaine du 23 Avril.
« Who made my clothes? » (qui fabrique mes vêtements ?) C’est la question que pose Fashion Revolution et que l’on nous invite à poser à nos marques préférées. Une question pertinente qui met en lumière le nœud du problème. Ce que Fashion Revolution demande c’est plus de transparence de la part des grandes marques de vêtements et de meilleures conditions de travail pour les employés de l’industrie de la mode. Certains de leurs fanzines sont en téléchargement libre sur leur site.
Parmi tant d’autres, je vous invite à regarder le documentaire Riverblue ou encore de lire le livre Fibershed écrit par Rebecca Burgess. L’organisme Fibershed propose également plein de ressources pertinentes en accès libre sur leur site.
Vous l’avez peut-être vu passer sur Facebook, nous avons récemment partagé un article tellement bien écrit que nous le remettons ici :
Du charbon dans le coton - Pourquoi la mode doit réduire sa production
Il parle de l’importance de réduire la production de vêtement à l’échelle mondiale pour pouvoir respecter le seuil des 2° décidé lors de l’accord de Paris pour le climat en 2015.
Avant de vous donner quelques pistes pour penser la mode autrement, voici qui, chez Montloup, fabriquent vos tissus !
Quelques pistes de solutions ici :
Réparer - Apprendre (Réapprendre ?) à réparer les vêtements que l’on aime plutôt que de les jeter.
Réutiliser – Pourquoi acheter à nouveau quelque chose que l’on a déjà ? Pourquoi ne pas réfléchir et trouver des solutions pour l’utiliser autrement ?
Réfléchir - Penser à l’impact carbone que possède le vêtement que l’on porte. Rebecca Burgess, dans son merveilleux livre, Fibershed, prouve qu’il est possible de produire de la laine avec un impact carbone neutre.
Repenser - Repenser la vie du vêtement de façon circulaire et non linéaire en prenant en compte la façon dont il est produit, mais aussi jeté, recyclé, dégradé.
Alors en cette année 2021 pleine de défis, j’ai acheté un ticket pour participer au forum The Sustainable Fashion qui se déroule du 20 au 24 Avril. Si le cœur vous en dit, on peut se rejoindre ici !
]]>Je n’avais plus que le choix de travailler lentement et de revisiter mon quotidien.
J’ai toujours été intéressée par les rapports que l’on entretient avec le quotidien.
Malgré la distanciation sociale, j’ai eu l’impression d’être invitée à entrer chez les gens. Je me suis retrouvée dans la chambre d’un consultant en mode en Afrique du Sud ou bien dans le salon d’une agricultrice en Californie. Chacun.e dans l’espace de son quotidien, dans sa bulle. Une partie de moi s’est reconnue dans chacune de ces personnes, les rendant tout à coup, plus humaines, plus proches aussi. Tout comme ces passant.es qui défilaient devant ma fenêtre pour prendre l’air, se dégourdir les jambes, flâner. Parce que, pour une fois, on pouvait, sans se sentir coupable, flâner.
Est venu ensuite toute une série d’observations aux grés des promenades et des découvertes.
Et si les rues restaient sans auto pour permettre aux piétons de se promener et aux vélos d’avancer sans crainte ? Et si les gens continuaient de se tourner vers des producteurs, artisans et petites boutiques pour faire leurs achats de façon écologique et durable ? Et si des grandes entreprises de luxe continuaient de produire pour le bien commun ? Et si on continuait d’écouter des podcasts pour s’informer, de lire pour rêver, pour se cultiver ? Et si on continuait de prendre des nouvelles, tout le temps, juste comme ça ? Et si on continuait de prendre le temps ?
Regardez comme on est capable. Comme on est capable de penser autrement.
Ce que la pandémie aura apporté de bien, à mon sens, c’est le partage et l’accès à l’information, à la culture. C’est après des heures et des heures de podcasts, de conférences en ligne et de lectures que sont nées ces réflexions.
Détail d'une courte pointe réalisée par une membre des India’s Siddi Quilters. Référence : Trend Tablet
Ce que toute crise apporte c’est le renouveau, la réinvention du quotidien.
Si on s’intéresse à la mode sous l’occupation, certaines pratiques ont vu le jour pour pallier le manque de matière première et déjouer les restrictions. Je pense notamment à la robe 1000 morceaux confectionnée dans différents tissus récupérés à la façon d'une courte pointe ou encore à cette ligne noire, que les femmes se dessinaient à l’arrière de la jambe pour imiter les bas de nylon dont la matière première était réquisitionnée pour la fabrication de textiles pour l’armée. Parce que l’intelligence humaine se trouve dans cette fabuleuse capacité d’adaptation.
Le 20 mai se déroulait la conférence de Li Edelkoort[1] qui présentait les tendances couleurs et textiles pour la mode de l’Automne Hiver 21/22, « Stillness ». Une présentation tout en douceur avec des couleurs pâles, blanches, délavées, calmes, floues. Dans l’idée du blanc demeure celle de la page blanche, comme le début de quelque chose de nouveau, quelque chose de plus apaisé, de plus sain aussi.
Gauche : Garciabello, collection SS20, Campo
Droite : Lee Sun
Je reste persuadée que l’espace et le temps qui nous ont été donnés ces derniers mois vont donner naissance à une nouvelle ère. Sans savoir encore de quoi elle sera faite, je crois qu’il est temps de la penser.
Il y a eu, dans les dernières semaines, une formidable prise de conscience collective. Parmi ces prises de conscience, il y a eu cet élan de support des entreprises locales. Que ce soit au niveau alimentaire, vestimentaire ou accessoire, ce mouvement est pour moi essentiel pour entamer la transition.
Parce que c’est en ramenant la production à des échelles plus humaines que l’on pourra tendre vers des modes de vie plus durables.
C’est aussi en prenant conscience des choses dans leur globalité que l’on réalise que l’humain se trouve derrière chaque petite chose de notre quotidien. Acheter local, c’est aussi faire travailler des gens autour de nous, le voisin d’à côté, la voisine d’en face, peut-être celle du coin de la rue.
Cette importance de la main a été célébré par plusieurs designers de mode au travers de leurs récentes collections. Chanel pour collection haute-couture automne/hiver 2016/2017 ou encore Dolce & Gabana montrant des vidéos de cordonnier, de la couturière ou encore de la tricoteuse en arrière du défilé Automne 2020 présenté à la dernière Fashion week de Milan en Février 2020.
Célébrer l’importance de la main et du travail de l’humain c’est aussi venir contrebalancer la présence grandissante de l’intelligence artificielle et de l’immatériel dans nos vies.
Il y a, dans le tissu, et encore plus dans le tricot, l’idée de lien. Le fil qui crée les boucles est aussi celui qui nous lie les uns aux autres, celui qui nous permet de tisser des liens, ils sont « tricotés serrer » comme on dit. Il y a aussi l’idée de transmission, d’héritage. De ces gestes répétés à travers les âges et qui se répèterons encore longtemps.
Bridget Harvey, Yellow Cardigan (2015 onwards)
Parler de durabilité, c’est rassembler tous ces concepts sous le même toit.
C’est de vivre en respectant les limites de la planète et de donner les clés aux générations futures pour qu’ils puissent faire de même. Une approche holistique, de celles qui prennent en compte chaque maillon du chaînon.
C’est aussi une question de choix. Vivre la transition écologique c’est choisir de réduire sa consommation, choisir la provenance des produits que l’on achète, s’informer.
C’est un pouvoir formidable de réappropriation.
La lutte pour l’écologie ne se tient pas très loin de la lutte antiraciste, de la défense du droit des femmes ou des droits des communautés LGBTQ+. Ce qu’elles ont en commun c’est l’aspiration profonde à l’égalité, à la reconnaissance qu’en chaque être réside un.e semblable qui, s’il.lle est différent.e, doit avoir les mêmes droits que moi, et particulièrement celui de vivre librement. C’est respecter et honorer le vivant.
« Il faut être crétin, ou salement malhonnête, pour trouver une oppression insupportable et juger l’autre pleine de poésie » Virginie Despentes, King Kong théorie
On peut aussi choisir de se résigner. Choisir que tout redeviendra comme avant. Choisir que les choses resteront telles qu’elles étaient. On peut aussi choisir de rester figer dans le temps, d’arrêter d’avancer mais je ne crois pas que le temps nous en laissera l’occasion. Alors parmi tous ces choix, faisons celui de l’espoir d’un monde meilleur.
Parmi les conférences et entretiens, j’ai choisi de partager ici ce que j’ai retenu de « Earth Matters: new sustainable textiles & materials webinar », animer par Philip Fimmano pour Trend Union.
La conférence se développait autour de quatre axes principaux : les origines, la réinvention et réappropriation de nouveaux matériaux, la collecte de nouveaux ingrédients et la production durable. Par production durable, on entend également la transmission et la perpétuation des savoirs.
La beauté des projets présentés m’a donnée de l’espoir. Le voici, cet espoir.
Basée au Pays Bas, Aliki Van Der Kruijs a développé une technique particulière d'impression capable de retenir la trace des gouttes de pluie sur le tissu. Un projet poétique qui s'intéresse sur l'impact de la météo sur notre quotidien.
Tamara Orjola s'intéresse aux possibilités que peuvent apportés les aiguilles de pins comme solution alternative pour le textile, les matériaux composites ou le papier.
Au travers de son projet, Nina Gautier propose un large éventail de produit pouvant être développé à partir de l'ortie : alimentation, médecine, textile et couleur. Une approche hollistique qui vient mettre en avant un savoir sur les plantes tombés dans l'oubli.
The London Cloth Company c'est l'histoire de Daniel Harris qui, en 2011, décide de réparer des métiers à tisser ancestraux (datant de 1870) pour faire revivre une industrie dont les savoir-faire se sont perdus au fil du temps.
Photographie : Liz Seabrook
[1] Lidewij Edelkoort est une chercheuse en tendance. Son travail consiste à analyser des tendances du marché (esthétiques, psychologiques, contexte socioculturelle, …) pour déterminer celles des années à venir. C’est une personnalité de la mode importante puisque les tendances prédites sont suivies par les designers et entreprises du domaine. Elle parle beaucoup d’écologie et d’artisanat dans son travail et c’est la raison pour laquelle je choisi de suivre ses séminaires.
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Encourager les gens à aller vers une mode plus locale et consciencieuse pour avancer vers un futur plus sain et respectueux de l’environnement.
]]>Pourquoi un blogue ?
Étant fortement impactée par toutes ces choses dont on entend parler sur la santé de la planète et des gens qui l’habitent, c’est assez naturellement que je me suis lancée dans une démarche zéro-déchet. J’achète très peu de vêtements neufs et quand je le fais, c’est seulement dans des entreprises que j’affectionne particulièrement pour leurs engagements : production locale, matières naturelles biologiques, designers avec qui nous avons engagé des conversations animées sur l’écologie.
Créer une entreprise qui fabrique de nouveaux produits avec de nouvelles matières premières (même aussi écologiques soient-elles), entrait donc en conflit avec la perception que j’avais du monde et de mes engagements personnels.
J’ai tourné puis retourné le problème pour finir par prendre ma décision : j’aime ce métier, j’aime les gens avec qui je travaille (que ce soit mes client.es ou mes fournisseur.euses) et je crois qu’encourager les gens à aller vers une mode plus locale et consciencieuse nous aider à avancer vers un futur plus sain et respectueux de l’environnement.
Photo : Morgane Clément-Gagnon
Parce que c’est important de mettre des mots sur ce qui nous arrive et de trouver des solutions pour mieux produire et mieux vivre. Le but n’étant pas d’être « parfait.e » mais de tendre vers le « mieux ». Je ne crois pas que l’on va simplement arrêter de produire, mais je crois que l’on peut mieux le faire. On peut mieux le faire en encourageant les producteur.ices locaux.ales, en éduquant les consommateur.ices sur ce qu’illes achètent, en s’informant sur les produits que l’on achète, en achetant moins, mais de meilleure qualité, en achetant de façon utile et non superficielle. Il y a en a des solutions, il suffit de se poser les bonnes questions, de travailler ensemble. Parce que je suis persuadée que nous n’y arriverons pas en restant chacun de notre côté.
Ce que j’aime dans mon métier c’est aussi la partie éducative de celui-ci. J’aime expliquer ce qui se passe dans la production, pourquoi faire tel ou tel choix, qu’est-ce que ces choix impliquent, pourquoi est-il mieux d’acheter du coton biologique plutôt que du coton vierge, etc… C’est donc assez naturellement qu’est venue l’idée du blogue.
Photo : Morgane Clément-Gagnon
En ce début de printemps, j’avais envie de vous partager mes pensées en appuyant mon propos sur un texte fabuleux de Hester Lacey, découvert dans le Viewpoint Colour Issue #07 – Preloved[1].
Ce texte a été révélateur, car il venait mettre des mots sur mes impressions. En provenant d’un magazine de tendance important, il venait prouver que ces mots ne résonnaient pas seulement en moi mais en un tas d’autres personnes du métier, de façon mondiale.
Même sans le vouloir, et ce depuis la nuit des temps, la façon dont on s’habille ou dont on aime s’habiller est, dans la majorité des cas, influencée par l'environnement dans lequel on évolue et en ce qui nous concerne, par la mode et les tendances.
Bien sûr, l’écologie n’est pas en reste.
Quel est l’avenir de la mode ?
N’est-il pas arrivé, le temps de la décroissance ?
Ne serait-il pas temps de tourner nos intérêts vers le bien-être humain et l’écologie plutôt que de se concentrer sur la (sur-)production et l’accumulation d’items dont on n’a pas vraiment besoin ?
On pourrait donner un milliard d’arguments qui démontrent clairement que l’avenir de la planète est en danger si nous continuons dans cette voie. Il est facile de trouver des exemples qui prouvent l’évidence : l’écologie n’est plus un choix, mais un impératif, essentiel à notre survie.
Il y a des alternatives naissantes. Parmi elles, de nouveaux matériaux plus « écologiques », Circulose, Recover, Roïca, … ils sont à l’honneur aux salons comme Première Vision sans que l’on s’interroge vraiment sur leur aspect « écologique ».
Les mots comme « biodegradable », « écologique », « vert » sont si souvent utilisés qu’ils en perdent leur sens premier. La planète aurait besoin d’un engagement mondial pour éviter que ces mots soient utilisés à tort et à travers, qu’ils retrouvent leur sens véritable.
Parmi ces alternatives se trouve aussi celle du recyclage.
Malheureusement, on ne peut pas tout recycler, et très peu de vêtements le sont. Le recyclage a ses limites. Il vient panser un problème sans le résoudre. Parce que recycler use de l’énergie et coûte cher, il ne doit pas servir d’excuse à la surconsommation.
Je ne crois profondément qu’aucun de ces matériaux ou solutions ne pourront sauver l’avenir de la mode sans que l’on s’interroge fondamentalement sur notre façon de produire et sur notre société de consommation qui nous encourage à acheter toujours plus.
Il a un tas d’initiatives environnementales qui se valent, mais est-ce suffisant ? N’est-on pas déjà aller trop loin ? Est-ce que la solution ne serait pas simplement d’arrêter ? De faire mieux avec ce que l’on a déjà ?
Ce qui est alarmant c’est que le nombre de vêtements produits entre les années 2000 et 2014 a doublé (sans que la population ait elle, doublée, bien qu’elle ait augmentée).
Photo : Tissu 100% coton biologique en processus de décomposition - 1 année
"The fashion industry has all this creativity which is currently being used to fuel capitalist system. Why don’t we use it to solve problems and save ourselves instead?”
Sara Anold of XR
Alors, utilisons toute cette créativité pour la mettre au service d’un monde meilleur. Il y a des solutions sous nos yeux qui ne demandent qu’à être suivies.
Réparer - Apprendre (Réapprendre ?) à réparer les vêtements que l’on aime plutôt que de les jeter.
Réutiliser – Pourquoi acheter à nouveau quelque chose que l’on a déjà ? Pourquoi ne pas réfléchir et trouver des solutions pour l’utiliser autrement ?
Réfléchir - Penser à l’impact carbone que possède le vêtement que l’on porte. Rebecca Burgess, dans son merveilleux livre, Fibershed, prouve qu’il est possible de produire de la laine avec un impact carbone neutre.
Repenser - Repenser la vie du vêtement de façon circulaire et non linéaire en prenant en compte la façon dont il est produit, mais aussi dont il est jeté, recyclé, dégradé.
“The new watchwords are not only repair, reuse, remake and reduce but also rethink… and refuse.”
Hester Lacey
[1] Viewpoint Colour est un magazine traitant des tendances couleurs, soutenu par l’entreprise Pantone. On y trouve des articles ainsi que des références de designers et entreprises sur des sujets d’actualité dans la mode. C’est un outil pour la création des collections.
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